Cadeau de Re-Noël…après Noël !

Cadeau de Re-Noël…après Noël !

Décembre, c’est le mois des cadeaux! Janvier aussi…? Je viens d’en recevoir un des plus magnifiques. Récit d’une « séance émotions »

 

Pilote automatique

Décembre 2023. J’accueille une jeune femme de 27 ans qui, lors de la prise du rendez-vous, m’a précisé qu’elle est touchée par la phobie de conduire sa voiture. Je vais l’appeler R. Elle est venue à pied jusqu’au cabinet depuis son domicile, et est arrivée avec 45 mn d’avance. Par chance, je peux la recevoir dans le quart d’heure.
Rapidement, je m’aperçois qu’elle est assez tendue et émotive. Mais aussi dans une très forte attente de l’amélioration de cet état qui la désespère au plus haut point.
En effet, elle n’arrive pas à conduire un véhicule, et la simple idée de monter en voiture demande une préparation psychologique durant plusieurs jours et des efforts très fatigants. Cela nuit à l’estime qu’elle a d’elle-même et à sa confiance.
Lorsqu’elle y est contrainte, elle s’oblige à conduire mais redouble de vigilance et voit le danger partout. Elle conduit très lentement et doit parfois freiner très brusquement à l’approche d’un autre véhicule, ce qui, d’après elle, la rend dangereuse pour elle-même et pour les autres.

Lors de la détermination de son objectif, elle me dit que, pour elle, le déclencheur c’est un accident de la route il y a 3 ans. Elle conduit son véhicule. Son petit garçon est à l’arrière. Lors du croisement avec un autre véhicule, elle perd le contrôle et se retrouve à faire des tonneaux. Après une grosse panique, elle réussit à s’extraire avec son fils, et fort heureusement, personne n’est blessé. Première grosse bouffée d’émotions à relater ce pénible récit.

Deux jours plus tard, R. reprend le volant sans problème. Mais peu à peu une gêne se fait sentir, de plus en plus importante. Bizarrement, c’est surtout entre deux conduites, là où elle ne pilote pas, que cette gêne s’impose. Au point qu’au bout de quelques semaines la conduite est devenue une mission impossible.

Dès le début de notre entretien, une excellente synchronisation s’établit. R. se détend peu à peu et évoque ses sensations, les pupilles déjà dilatées.Il s’agit pour elle d’une sorte d’oppression au niveau de la poitrine, et qui l’empêche de respirer correctement. Lorsque je lui demande quelle est la couleur de ce problème à l’intérieur, elle me dit que c’est un poids gris. Puis elle sourit, me disant que c’est étrange de qualifier de gris quelque chose qu’elle savait présent, mais qu’elle ne pouvait pas non plus imaginer concrètement. Car pour elle ça existe et ça n’existe pas! Début d’une grosse réflexion intérieure mêlée d’étonnement. Elle ne me regarde plus du tout de la même manière qu’au début de la séance. Surprise et trouble. Je peux presque de l’extérieur la voir réfléchir à l’intérieur!

Je lui propose ensuite de se saisir de ce poids gris, afin de le placer à quelques centimètres d’elle pour constater ce que cela change. Nouvelle surprise! R. me dit que cela la libère, qu’elle respire mieux…nouveau trouble, larmes. Elle constate non sans étonnement que ce poids gris qu’elle tient dans sa main est très lourd, et qu’il pèse au bout de son bras. Elle dit que c’est comme une haltère. A la question de savoir ce qu’elle doit en faire, elle déclare qu’il faut la jeter. Qu’elle veut bien me la confier pour que je m’en débarrasse après la séance. Promis, je m’en occuperai. Je saisis donc l’haltère, qui est effectivement très lourde. Je ratifie cette lourdeur en la déposant par terre avec un « ouf » de soulagement. Elle sourit dans une sorte de sérieux, toujours troublée, me disant qu’elle a l’impression d’une scène de théâtre, où des choses imaginaires prennent de la consistance.

Après quelques échanges, je lui propose une lévitation de main consciente, où elle sera chargée de contrôler tous ses mouvements, micro-mouvements, ainsi que ceux de ses respirations. Bien entendu, ça ne marche pas, et c’était le but, car de façon consciente, elle comprend que c’est impossible. Elle admet facilement que d’une autre façon – grâce à un état décalé, modifié de sa conscience – elle arrivera à contrôler beaucoup mieux des tas de choses.

Un peu avant l’induction lui permettant d’entrer en état d’hypnose, elle choisit que ce sera mieux pour elle d’y aller les yeux fermés – (pour les hypnos qui liraient cet article, petit hommage et merci Milton Erickson pour ce double lien!).

Je propose ensuite à R. de se dissocier, pour pouvoir converser avec son double, et aussi pour se voir de l’extérieur. Le but c’est de pouvoir non seulement dialoguer, mais aussi appréhender de manière critique ses propres comportements. Ceci, afin de pouvoir chasser le négatif et s’associer à des choses positives. Comme dit Richard BANDLER, spécialiste de la communication : « Vous apprenez à votre cerveau à vous associer aux souvenirs agréables et à vous dissocier des souvenirs désagréables. Rapidement, votre cerveau comprendra et répètera le même processus automatiquement avec tous vos autres souvenirs. »

Cadeau de Noël hypnotique
R. voit son double. Il est un peu plus loin, sur sa gauche, debout. Mais il lui tourne le dos. Ce qui contrarie R. « Elle me boude! C’est comme si elle ne voulait pas me parler. »
Qu’est-ce qui l’empêche de vous parler…?
« Elle trouve que c’est ridicule! »
Très grosse montée d’émotions. Plusieurs instants de pause sont nécessaires.
D’accord. 
Après quelques échanges de ce genre, ponctués de diverses émotions, le double consent à se tourner à demi vers R.
« A présent, elle me dit qu’il y a des obstacles… »
Comment sont-ils, a quoi ressemblent ils?
« Ce sont des barrières blanches en bois…des gros bouts de bois qui forment un tas. »
Que faut-il faire?
« Elle me dit qu’il faut passer par dessus ».
Qu’en pensez-vous?
« J’ai peur ».
Quand vous demandez à votre double quelle utilité a cette peur, que vous répond t-elle?

« Elle se tourne tout à fait devant moi et me dit aucune »!
Qu’allez-vous faire?
« Je monte sur les barrières…c’est haut mais pas tant que ça…c’est même un peu facile…je suis comme un personnage de dessins animés…j’arrive sur le sommet d’une montagne et je vois tout le paysage…et c’est bien, c’est beau…je suis bien…je ne vois plus les barrières car elles sont cachées…je vois tout ce que je vais pouvoir faire…il y a plein de choses..! »
Après un moment, elle ne voit plus son double.
Quelques grosses larmes roulent encore sur les joues de R. Pas tout à fait les mêmes semble t-il qu’au début de la séance.


Suit un travail autour de la futurisation de toutes les choses agréables, toutes ces choses qu’elle va pouvoir faire. Toutes ces choses qui seront plaisantes à réaliser, à envisager, programmer, imaginer. Elle explore tous les ressentis et les émotions positives liées à ces projets.
Le visage se détend, le corps aussi. Les sourires arrivent, ponctués de petits rires encore un peu nerveux, mais confiants. La respiration devient plus ample.

Le mot de la fin? Je le laisse à R., tellement beau, tellement poignant et émouvant au milieu de ses grosses larmes incrédules…

« Soulagée!! »


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Ce beau cadeau, fruit du travail formidable de cette jeune femme, j’avais vraiment envie de le partager. Même si, je conçois très bien que l’ambiance, les sons, les silences, toute la consistance d’une séance ne peuvent se retranscrire dans un texte. Merci en tous cas à R. pour tout ce qu’elle a fait.

J’avais envie aussi, de partager ce cadeau avec mon ami et professeur Kévin FINEL, brillant fondateur de l’ARCHE, école qui m’a formée à l’hypnose.
Je ne le remercierai jamais assez, lui et son équipe, d’avoir été si exigeants lors de cette formation. C’est pour moi un bonheur de chaque jour d’accueillir et de voir des personnes changer sous mes yeux…toujours étonnés!

Bonne et heureuse année 2024 à tous!
Prenez soin de vous.